Suisse | n.f. 1) Confrérie, communauté
2) ) Fête liée à une confrérie, notamment de tir
3) Maison de tolérance
4) Refuge de voleurs- Prison -Guillotine (voir TLFi très précis)
[/abei/]Étymologie et origine culturelle Comment expliquer le paradoxe de signification, l\'abbaye étant a priori un lieu religieux, de respect sacré ? C\'est en tout cas une évolution surprenante. Le TLFi donne une bonne explication : A l\'origine : \"Corresp. rom. : a.prov. abadia; n.prov. abadie; ital. port. abbadia, abbazìa; roum. abatie. Fin XIe s. (?) terme relig. « monastère gouverné par un abbé » [...] Du lat. eccl. abbātiā, attesté dep. 651 au sens de « charge, dignité d\'abbé »
Puis l\'histoire s\'en mêle et apporte ses distinctions : \"La distinction établie sous l\'Anc. Régime entre l\'abbaye en règle, soumise à l\'autorité d\'un relig., et l\'abbaye en commende dont un eccl. séculier ou un laïc peut être titulaire figure toujours dans la lang. contemp. par all. au passé et à titre d\'arch. de civilisation, par suite de l\'abolition de la commende dep. 1789. Il en est de même pour abbaye au sens C. \"
D\'autres sens apparaissent bien référencés et datés par le TLFI, que nous reprenons intégralement, car ils montrent leur intégration dans une tradition populaire dès le 14e siècle, qui a touché au roman, et leur insertion dans des expressions devenues figées :
\"1. Maison de tolérance :
abbaye des s\'offre-à-tous, s. f. [= Maison publique] (...). Cette expression, qui sort du Romancero, est toujours employée par le peuple. A. Delvau, Dict. de la langue verte,Argots parisiens comparés, 1866, p. 2.
Abbaye de s\'offre à tous. Maison de tolérance du temps jadis. L. Rigaud, Dict. du jargon parisien,L\'Argot ancien et moderne, 1878, p. 2.
2. Refuge de voleurs, de vagabonds :
Abbaye. Réduit, briqueterie ou four à chaux dans lequel les voleurs et les vagabonds se réfugient la nuit. Les Buttes-Chaumont étaient jadis une grande Abbaye. France1907.
3. Prison :
Prison (...) abbaye de sots bougres. Dict. d\'argot, ou la Langue des voleurs dévoilée, 1847, p. 229.
4. Guillotine :
Abbaye de monte à regret. Potence, guillotine. Raban et Marco Saint-Hilaire, Mémoires d\'un forçat, ou Vidocq dévoilé,t. 4, 1828-1829, p. 307.
Il a fait changer ma peine; au lieu d\'aller à l\'abbaye de monte-à-regret, j\'en ai eu pour quinze années de vie. E. Sue, Les Mystères de Paris,1844, p. 23.
Les voleurs appellent encore l\'échafaud Abbaye de Saint Pierre, la guillotine étant autrefois placée sur cinq pierres, devant la Roquette. France1907.
Pour les sens groupés sous D, cf. Esn. et FEW, XXIV : « bordel » dès 1389 (charte fr. cf. Du Cange s.v. abbas et T.-L.) dans l\'expr. la grant abbaye (de Toulouse); « refuge de voleurs »\"
En fait l\'abbaye renvoie à une congrégation, une confrérie, celle de religieux, puis toute compagnie, même laïque, tout groupe lié par quelque intention de partager de bons moments. Ainsi dans le canton de Vaud, où l\'on recense 177 abbayes, il existe des abbayes-fêtes de tir, de tir à l’arc, puis à l’arquebuse et au fusil, qui donnent l\'occasion de fêtes où l\'on danse (Voir \"abbaye\" au sens de fête et https://www.vd.ch/culture/patrimoine-mobilier-non-cantonal-et-immateriel/inventaire-cantonal-du-patrimoine-immateriel/pratiques-sociales/belle-saison/abbayes-tir). Il y a ensuite quasiment une dénomination par euphémisme, voire par volonté d\'antonymie heureuse et ironique, pour désigner un bordel, et on ne saurait mieux dire, une maison de \"tolérance\"... |